Recherche sur les poiriers rustique

Un petit état de la situation pour ce qui est de mes expériences de rusticité et vigueur en ce qui a trait aux porte-greffes de poirier. En résumé; c’est du long terme, mais d’ici là, j’ai déjà des conclusions de tirées. En bonus, de nouvelles sources en fin de billet.

graines de poiriers en provenance du NCGR-Corvallis

Graines de poiriers reçues du NCGR-Corvallis – automne 2014

Ce billet fait suite la publication de mars 2015 suivante: https://poirespetitsag.wordpress.com/2015/03/11/pyrus-regelii-et-pyrus-korchinskyi-des-porte-greffes-rustiques-prometteurs-pour-zone-2-et-3/

Les variétés à l’essai à ce jour (comme porte-greffe de poirier):

– semis d’Ussuriensis, graines achetées d’internet (provenance inconnue)
– semis de John (hybrid Ussuriensis x communis Aspa)
– semis de variétés sauvages: p. nivalis (de Russie), p. Korshinskyi (1600m Kyrgyzstan) et p. spinosa (980m d’altitude en Albanie), p. regelii (800m Kazakhstan, -40’C)
-semis de communis de l’épicerie.
-greffe sur amélanchier

Mes semis, pour la plupart, en sont à leur deuxième année, sinon trois. Jusqu’à présent, les constats sont les suivants:

  • les graines d’ussuriensis d’internet (acheté depuis trois ans) n’étaient pas rustiques du tout. Celles-ci provenaient du sud des États-Unis et la pollinisation était ouverte, donc ceux-ci semblent avoir été croisés avec du non-rustique. Au final, il ne me reste qu’un plant et j’ai arraché tous les autres. En résumé, on achète jamais de graines de sources inconnues, pour s’assurer de la rusticité d’une variété, vous procurer quelque chose dans une même zone que vous ou dans les rayons de 100 km encore mieux.
  • les semis de John sont très vigoureux et, tout comme je l’avais lu dans un article sur le web, donnent d’excellents porte-greffes. Ils poussent bien et semblent assez résistants au froid et à la sécheresse.
john-semis

Des semis de John à leur deuxième année. Même plantée dans un endroit inhospitalier, ça pousse bien quand même.

Pour ce qui est des variétés sauvages:

Les p. spinosa et nivalis poussent très lentement. Personne de mort à date, mais après deux ans, les semis ne mesurent qu’environ 20 cm au maximum, pas plus. Le feuillage des spinosa est dentelé et fort joli. Eux aussi poussent lentement et sont peu vigoureux. Ils semblent assez bien résister à la sécheresse.

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Mes semis de pyrus nivalis ont bien résisté jusqu’à maintenant, mais poussent très lentement. Leur feuillage d’automne se fond dans le paysage du sous-bois. Les voyez-vous?

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Ici, on voit mes semis de pyrus spinosa d’Albanie. J’ai dû leur mettre des protecteurs contre les lièvres.

Les p. regelii, sensés être très résistants au froid, à la sécheresse et nains, sont effectivement assez résistants à la sécheresse, et nains. Toutefois, ceux que j’ai plantés dans du sable subsistent sans plus et j’en ai même perdu un. Ils semblent avoir quand même besoin d’un sol avec au moins un peu de nourriture/humus et un minimum d’eau pour prospérer. Mon plus gros fait environ 30 cm; c’est celui que j’ai le mieux planté/chouchouté.

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Un semis de regelii arborant ses couleurs jaunes d’automne.

regelii-semis2ans

Mon plus beau plant de p. regelii avant sa coupe de cheveux. Les plants ont une forte tendance buissonnante.

Enfin, je termine avec le pyrus korshinskyi. Je n’ai réussi à faire germer qu’une seule et unique graine sur un lot de 25. Je confirme, celles-ci ne conservent pas leur viabilité longtemps.

Le plant a été déménagé au printemps et je l’ai planté sur le sommet d’une butte en plein soleil pour sa deuxième année. C’était le test ultime, puisque ceux-ci sont réputés être très résistants à la sécheresse et justement, recherchés afin d’être utilisés comme porte-greffe dans leur Russie d’origine.

Le résultat avant/après:

p-korshinskyi-printemps

p. korshinskyi au printemps 2016…

pyrus korshinskyi

Mon pyrus  korshinskyi à la fin de l’été (septembre). Il a plus que doublé malgré un mois d’août sans pluie.

pyrus korshinskyi

pyrus korshinskyi avec son feuillage d’automne d’un beau violet

Semis de p. communis: Pour avoir fait le test, étant donné qu’il tombe beaucoup de neige chez moi, utiliser des semis de Bartlett, Anjou, Comice ou Bosc comme PG à affranchir ne semble pas un problème pour le moment (ces variétés donnent toutes des semis vigoureux). Toutefois, je pourrais potentiellement avoir des problèmes avec les racines, advenant le cas d’un très gros froid de novembre/décembre sans neige, ou encore avec le feu bactérien. Éventuellement, je pourrais aussi utiliser des graines de mon Old Home, une fois que celui-ci aura enfin fructifié (j’espère des fleurs au printemps…)

Et pour toutes les variétés sauvages à l’essai (spinosa, nivalis, regelii et Korshinskii) je n’ai pas encore fait de tests de greffes, alors je ne sais pas du tout ce qui pourra arriver au niveau compatibilités.

Greffes sur Amélanchier – un suivi:

J’en suis à la troisième année pour mon Early seckel sur amélanchier et j’ai maintenant un Beurré d’Amanlis aussi sur amélanchier. J’espère des fleurs sur mon Early Seckel au printemps. Le résultat est encourant et très nanisant. Toutefois, il semblerait que les plants aient besoin d’amour (arrosage, engrais/humus), puisque dans un verger rustique non irrigué/arrosé, mes plants semblent en mode survie sans plus.

Early seckel sur amélanchier

Early seckel sur amélanchier en automne

Beurré d'Amanlis sur amélanchier

Ressources et bibliographie:

Et je termine avec quelques ressources, trouvées ici et là sur le web, traitant surtout de la recherche sur les porte-greffes pour poirier en climat rustique. Désolé, c’est encore en anglais.

Les deux premiers liens sont des articles de la revue Good fruit grower. Le premier étant sur les expériences de culture sur amélanchier (déjà partagé par le passé). Le second est tout récent et parle plutôt d’un verger au Vermont, celui de Todd Parl de la pépinière WaldnHeightsNursery. Celui-ci a été récipiendaire d’une bourse de recherche afin de tester les cultivars et porte-greffes de pommiers et poiriers rustique. Son site se trouve en altitude avec un climat et terrain montagneux, donc assez proche du mien (USDA zone 3). Son climat semble assez proche d’un zone 4 canadien je dirais.

coldhardinessresearchp96-013 goodfruitgrower-april-15 in-the-hunt-for-cold-hardy-pears-good-fruit-grower

Source: Good fruit grower, 15 avril 2015: http://www.goodfruit.com/portfolio-items/april-15-2015/

in-the-hunt-for-cold-hardy-pears-good-fruit-grower (j’ai fait des pdf, car les liens du magazine ne semblent pas toujours bons).

Source: http://www.goodfruit.com/in-the-hunt-for-cold-hardy-pears/

Par curiosité, je suis donc allé voir le site de la pépinière en question et suis tombé sur les résultats de recherches  qui étaient publiés en ligne! Voir plus particulièrement les tableaux 14, 15 et 17.

Le lien: https://waldenheightsnursery.com/category/research/rssf

Le dernier lien est un vieil article de 1996, mais qui fait le point sur la recherche au niveau international en termes de culture fruitière rustique, avec un bon bilan de ce qui se faisait à l’époque en terme de recherche au Canada. J’étais content d’apprendre que le réputé Harrow Queen est supposé être plus rustique. À confirmer donc.

http://www.nrcresearchpress.com/doi/pdf/10.4141/P96-013

(PS: Si vous êtes intéressés par les publications scientifiques sur les poires, je vous conseille de consulter ce qui se fait au niveau international, car un symposium scientifique est tenu mais je ne suis pas certain de la fréquence. Les textes présentés sont listés ici, sous « International Pear Symposium »: http://www.ishs.org/european-and-asian-pears

11 réflexions sur “Recherche sur les poiriers rustique

  1. Bonjour Alain ! Encore et toujours intéressant et pertinent !

    J’ai lu que Ben Falk de Whole System Design au Vermont utilise avec succès des sorbiers comme porte-greffe pour les poires. Je vais essayer de retrouver les infos à ce sujet, je ne rappelle plus de l’espèce précise.

    David

    • Merci pour les bons mots! Je me disais hier que j’avais encore écrit quelque chose de beaucoup trop pointu, mais je suis très content que ça puisse servir à d’autres.
      Et pour les greffes de poires sur sorbier, c’est très intéressant comme piste!
      Sur mon terrain, il pousse du sorbier d’Amérique sauvage et j’ai aussi du sorbier hybride fastigiata (le sorbier aria hybride, mais je ne retrouve pas croisé avec quoi). Celui-ci se greffe sur les sorbiers sauvages de chez nous.
      Toutefois, ce ne sont pas des arbres qui poussent très vite et dont la mise à fruit est rapide. En plus, ils sont pas mal tous sensibles au feu bactérien.
      Mais malgré ça, je serais quand même curieux de lire ce qui a été testé et surtout, d’essayer de les greffer! Peut-être que justement, c’est le shipova qui est utilisé comme greffon intermédiaire? D’autant plus que j’ai lu sur les forums que le shipova peut se greffer directement sur poirier.
      Si tu trouves, fais-moi savoir. Je vais chercher aussi.
      Le shipova est supposé zoné 4, voire 5 selon les sources…

      • Le shipova a bien passé l’hiver dernier chez nous, sans aucun dommage hivernal, après avoir été planté à l’automne, même pour les branches qui dépassaient de la neige.

        Aussi, j’oubliais, mes semences de pyrus ussuriensis viennent de chez Sheffield’s; la source originale indiquée sur leur site est en Chine. Souhaitons que ce soit fiable ! J’ai aussi deux semis de pyrus communis de 2014 qui font très bien, sans aucun dommage (à part à mes doigts, ils ont des épines !). Mon père (en zone 3) en a aussi et il m’a dit qu’ils ont passés les hivers.

        J’ai d’autres poiriers sur des portes greffes variés de la série Old Home et je n’ai pas eu de problème jusqu’à présent.

      • Il parle aussi de greffer des poiriers sur de l’aubépine, ce qui se faisait auparavant. C’est quelque chose que je voulais essayer chez nous (on a quelques aubépines): plusieurs m’ont dit que ça ne marcherait pas, mais en horticulture, ce ne serait pas la première fois que des conseils reçus par des gens qui ne l’ont pas essayés soit erronés ;o)

  2. Content d’entendre que le Shipova est assez rustique.
    J’ai beaucoup d’Aronia, alors je pourrai en greffer dessus et je comptais l’essayer sur poirier et/ou sur sorbier aussi.
    Je pense qu’en terme de PG, les semis de communis sont assez fiables pour les sites enneigés. Le problème, c’est plus souvent la taille (arbres géants) et sinon le risque d’un hiver sans neige et/ou la sensibilité au feu bactérien.
    Dans mon cas, j’ai l’intention de croiser mon Old Home avec John, comme ça, je devrais avoir de bons arbres vigoureux et… plus résistants au feu bactérien. Je crois qu’il y aurait du potentiel ici pour une recherche plus « structurée » et je pourrais décoller une nouvelle série de PG rustique! La série OHxJ. 🙂
    Et pour les épines, la plupart de mes semis en ont. J’avais même un plant qui avait des épines doubles! Celui-là, je l’ai arraché. Il était pire qu’une aubépine. C’est courant chez les poiriers juvéniles. À date, mes semis de Bosc et de Seckel semblent les plus épineux.

    PS: Je n’ai pas retrouvé l’article dont tu parlais sur Ben Falk, mais dans cette discussion, on confirme que le shipova est compatible avec les poiriers: http://www.homeorchardsociety.org/forums/viewtopic.php?t=1941
    Ici, on parle d’un taux de survie de 80% de greffes de poiriers sur sorbus aucuparia, mais je n’ai pas trouvé de confirmation de succès sur s. americana.
    http://www.actahort.org/books/367/367_57.htm

    PS2: Les greffes de poiriers sur aubépine fonctionnent, mais ont généralement une vie courte, car le poirier fini par devenir trop gros pour le PG. Le plant ne survit généralement pas plus que 8-10 ans, parfois moins. Claude Jolicoeur a greffé un poirier Ste-Sophie sur aubépine. Sa greffe est morte en 2002. Il en parle ici: http://cjoliprsf.awardspace.biz/Documents/PearArticle02.pdf
    J’en grefferais volontiers, mais il ne pousse pas d’aubépines sauvages dans mon coin. Je suis trop au nord.

  3. Je viens d’aller voir le lien sur Facebook. Les photos sont prometteuses! Il ne mentionne pas quel variété de sorbier, mais vu que c’est au Vermont, il y a de fortes chances que ce soit du sorbus americana. Raison de plus pour l’essayer!

  4. Hello,
    Très intéressant, merci!

    Comment poussent les poiriers greffés sur Aronia?

    Je ne suis pas dans une zone aussi froide, mais je cherche des portes-greffe nanifiants pour mon sol calcaire. Le cognassier, à part ses problèmes de compatibilités avec certaines variétés, n’est pas idéal pour le calcaire, comme l’Aronia d’ailleurs.

    L’amélanchier est-il compatible avec toutes les variétés de poires?

    En mars je ferai un essai sur aubépine monogyna, tant pis si ca ne vit pas longtemps.

    Le suisse

    • Bonjour Le suisse!
      Je n’ai pas encore fait de tests de greffe de poire sur Aronia. C’est sur ma liste d’essais à réaliser, je commence justement à en avoir suffisamment pour le faire.
      Le sorbopyrus shipova (hybride poire-sorbier) est souvent greffé sur aronia afin de le faire produire plus rapidement. Je devrais en obtenir pour greffer au printemps et comptais justement l’essayer sur aronia. Et si poire directement sur aronia ne fonctionne pas, il suffirait d’utiliser le shipova comme intermédiaire, car le shipova à ma connaissance, est pas mal compatible avec toutes les poires.
      Pour ce qui est des amélanchier, je n’en ai essayé que trois variétés à date, mais certainement pas toutes! Par exemple, la doyenne de juillet a repris mais est morte (incompatible). Celles qui fonctionnent chez moi sont: la Seckel hâtive et la beurré d’Amanlis. On m’a parlé de beauté flamande qui fonctionnerait bien aussi. Et j’ai aussi vu des photos de Bosc sur Amélanchier. En fouillant, on trouverait peut-être un rapport de recherche qui a testé ce genre de chose avec une liste.
      Si je trouve quelque chose, je partagerai certainement!

  5. Merci pour la réponse.
    Je fais partie d’un groupe qui a récupéré un verger avec une centaine de variétés de poires, certains arbres vieux et en train de mourir, greffé sur cognassier. La place est ce qui manque, et pour cela je cherchais un porte greffe nanifiant a utiliser sans intermédiaire pour la majorité des variétés de poires, donc avec une compatibilité large.

  6. Je comprends tout à fait la préoccupation! La quête d’un bon porte-greffe nanisant pour les poires ne date pas d’hier. Les pyrus regelii sont aussi prometteurs, mais je n’en suis qu’à mes premiers balbutiements avec ces plants et ceux-ci poussent très lentement, donc rien pour aider leur cas.
    Dans l’article que j’ai déjà cité sur mon blog et sur la recherche des porte-greffe dans Good Fruit Growers du 15 avril 2015, on cite aussi: Beurre Hardy, Comice et Anjou comme étant compatible. Mais je n’arrive pas à trouver de liste détaillée nulle part.
    Par contre, sur ce rapport de rechercher en date de 2012 paru dans le Journal of the American Pomological Society 66(3): 153-163 2012, on énumère à la page 158 les différents genre compatibles avec les poires.
    De cette liste les amélanchiers semblent les plus compatibles (par opposition à l’Aronia, qu’on qualifie de « poor », soit peu compatible, au même ordre que le chaenomeless (le cognassier japonais).

    Cliquer pour accéder à 10198291.pdf

    La recherche dans ce domaine semble encore en cheminement et peu a été publié à ce jour sur le sujet (en terme de résultats).
    Il va donc falloir se créer notre propre liste de compatibilités! Ce pourrait être une bonne occasion d’aller chercher du financement. Qui sait?

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